La fidelite à soi et temps
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La fidélité à soi et le temps Il y a des trahisons que nous ne pardonnons pas. Comment comprendre que l’idéaliste hippie des années 68 devienne quelques années plus tard un requin de la finance sans scrupule ? Il n’a pas eu cette fidélité à ses engagements premiers, à ses idéaux, cette fidélité à soi qui nous semble le signe d’une véritable constance, une constance digne d’être admirée. Celle d’une personne authentique. Un opportuniste qui change de camp tous les deux ans n’a ni constance, ni fidélité, c’est une girouette qui suit le vent de l’Histoire. Un opportuniste n'a pas le sérieux sur lequel nous pourrions fonder une vraie confiance. Pourtant, il est aussi nécessaire de ne pas rester rigide, de savoir épouser le changement. Il est essentiel et de savoir laisser aussi le passé en arrière de soi. Quand on a cessé de croire à un idéal de jeunesse, faut il le momifier et continuer à lui vouer un culte? Il faut savoir déposer la valise du passé pour repartir libre et s’autoriser le droit d’être différent de celui que l’on a été. Ce n’est pas là une traîtrise ou une hypocrisie. C’est revendiquer une fidélité peut-être plus profonde, celle d’une aspiration qui grandit, d’un changement qui transforme, d’une évolution intérieure qui mûrit. Tout le problème se résume donc en une question : peut-on durer tout en restant fidèle à soi-même ? Le temps compromet-il l’identité ou peut-il la sauver ? Quel lien y a-t-il entre la continuité du moi et l’identité de la personne ?
A. Fidélité et infidélité La fidélité, telle qu’elle est entendue le plus couramment est par essence une vertu, qui dans le schéma duel ordinaire de l’attitude naturelle, s’oppose à un vice, l’infidélité. Dans les termes d’Aristote, la vertu est une disposition acquise, une habitude à vouloir maintenir sa conduite dans la direction du bien. Le vice est une mauvaise habitude contraire. Une vertu se cultive, suppose donc une volonté continue. En ce sens la vertu se distingue