La fin des notables revisitée
Professionnalisation politique, métier d’élu, entrepreneurs politiques constituent aujourd’hui les catégories courantes d’une thématique de recherche bien rodée. L’usage de ces notions de professionnel de la politique n’en soulève pas moins toute une série de problèmes dans la mesure où il fait non seulement écho à la publication de travaux savants ambitionnant de rendre compte de la formation d’agents spécialisés dans l’exercice des tâches et dans l’occupation de fonctions tenues pour politique mais aussi référence à une dénonciation des plus vigoureuses de tout un ensemble de pratique.
Dans un grand nombre de ces travaux, l’identification et ou la dénonciation de rôles et de pratiques tenus pour politiques en fonction d’un modèle professionnel semble renvoyer à l’entrée en scène de nouvelles élites.
Contre des notables autrefois dominants et leurs façons d’être et de faire pour asseoir leur puissance, cette représentation de l’univers des campagnes électorales ou des élus dans l’exercice de leurs fonctions, paraît s’imposer pour désigner l’apparition d’acteurs d’origine sociale modeste, s’appuyant sur des méthodes et savoir faire distincts de ceux mobilisés par de puissants aristocrates ou pas des bourgeois fortunés, avec lesquels ils sont d’ailleurs susceptibles d’entrer en concurrence pour briguer un poste électif. Ce processus « d’expropriation politique »longuement analysé par Weber a même fait mouche sous couvert d’un titre, le règne des professionnels de la politique se confondant avec celui de la fin des notables.
L’opposition entre notables et professionnels n’est en fait pas si tranchée et le mouvement de professionnalisation repéré ne s’est pas aussi clairement traduit par la victoire d’un groupe sur l’autre.
Pour Eric Phelippeau, il ne faut en aucun cas considérer que la professionnalisation en politique implique la «mort» des notables. En réalité, la fin du XIXème siècle correspond à un changement