Ce jour là, Lucas partit travailler. Comme chaque matin, il emprunta le train magnétique pour se rendre à son lieu de travail, à seize kilomètres de chez lui. A trente-deux ans, Lucas était loin de la vie dont il avait rêvé, lui qui avait toujours voulu être réalisateur de films d'actions, le voilà assistant social pour les handicapés. Il avait trouvé ce job peu après s'être fait licencié de son ancien boulot de facteur informatique, aujourd'hui il s'en contentait et pouvait au moins prétendre à une vie convenable. Du haut de ses un mètre soixante-dix, Lucas contemplait le visage de la ville à travers le plexiglass du train : de grands bâtiments de verres se faisant la course jusqu'au ciel, des voitures par milliers s'efforçant de rendre le ciel toujours plus grisonnant de pollution, et des gens les yeux rivés sur leurs dernières versions de téléphones à écran holographique. Puis Lucas contempla son reflet, il vit d'abord ses yeux bleus briller à la lueur d'un réverbère, puis son visage entier se dessina : des lèvres pincées, un menton prononcé et de gros sourcils en perpétuels mouvements. Un signal sonore retentit, l'avertissant qu'il était arrivé à la rue des Clous, la rue de son lieu de travail... Il descendit et marcha quelques mètres et arriva devant la maison de Thierry Tarns. Cela faisait maintenant trois ans qu'il s'y rendait chaque matins. C'était une belle maison, à l'architecture originale et très moderne faite de béton, d'acier et de verre teinté ; l'une des rares maisons où aucun écran de publicité n'avait encore trouvée sa place. Il entra sans frapper, grâce à la poignée à reconnaissance digitale, et avança à travers le rez de chaussée. Les pièces était toutes faites de blanc et de bleu pâle, il y avait très peu de meubles mais le tout donnait un ensemble fort agréable à regarder... Ne trouvant pas son "client", il appela par son nom, et entendit un bruit mécanique venant de l'escalier... Thierry devait avoir cinquante ans et était trisomique de