Préface
Jean de la Fontaine (1621-1695) est issu de la moyenne bourgeoisie de province. Il fait tout d’abord des études de droit sans grande application et entre à l’Oratoire sans grande conviction. La vie religieuse le rebute et il se marie en 1647, mais se sépara de son épouse quelques années plus tard. Il devient alors maîtres des eaux et des forêts. Il a entre-temps participé aux réunions littéraires qu’animait le vieux poète Mainard. La Fontaine ne peut s’adonner à l’écriture qu’à partir du moment où il trouve des protecteurs. Ce sera d’abord le surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, qui lui donnera une pension. Lorsqu’il est arrêté et emprisonné sur l’ordre du roi en 1661, la Fontaine reste un temps sans protecteur puis parvient à entrer au service de la duchesse douairière d’Orléans en 1664. Après la mort de cette dernière, il s’établit chez madame de la Sablière. Ses premières œuvres sont les sonnets, ballades et madrigaux qu’il compose pour Fouquet. Il n’acquiert la célébrité qu’avec la publication de ses Contes, dont les divers recueils s’échelonnent sur dix années (1664-1774). Le poète travaille dès 1668 à un ouvrage devant faire partie de la collection destinée à l’éducation du Dauphin, le fils aîné de Louis XIV, alors âgé de sept ans. Ce sont les Fables, que la Fontaine arrache à leur statut d’exercices scolaires pour les faire accéder au rang de compositions poétiques à part entière. Si l’auteur s’inspire des apologues du grec Esope et de l’auteur latin Phèdre, il transforme et renouvelle le genre en façonnant ses textes selon l’esthétique classique, dont l’un des préceptes est ‘’instruire et plaire’’.
D’après Phèdre, la fable a pour mission de faire rire (risum movere), d'avertir par l'exemple (exemplo movere), et de corriger les erreurs en charmant l'oreille. ‘’ Si quelque