La fontaine et le pouvoir
A la lecture des fables de Jean de La Fontaine, on peut sans aucun doute affirmer que l’esprit observateur, pénétrant et libre animait ce fabuliste. L’infinie variété des fables et le schéma habituel de la mise en scène théâtrale (une exposition, une série d’ »actes » -ou épisodes- et un dénouement) caractérisent son œuvre qui concerne surtout l’homme, ses sentiments et ses passions.
A travers l’univers animalier des fables, le point de vue de Jean de La Fontaine n’est pas celui d’un savant naturaliste soucieux d’exactitude mais celui du caricaturiste observateur des silhouettes ; son procédé de prêter aux animaux les qualités ou défauts des hommes qui « leur ressemblent » confère une vérité artistique plaisante et instructive pour la société des hommes. Certaines fables visent directement la société du XVIIème siècle avec ses alliances et enjeux diplomatiques dans lesquels notre fabuliste ironise sur la politique et son pouvoir. Mais comme il était dangereux de dire des vérités toutes nues, ses fables usent de détours et de relais qui ménagent l’amour-propre et instruisent autant indistinctement les « honnêtes gens » que le « peuple ».
Avec les trois fables, « Le lièvre et la tortue », « Les deux pigeons » et « Le pouvoir des fables », l’astuce du détour apparaît diversement , d’une part dans l’art d’instruire de manière divertissante, d’autre part dans l’audace de la fiction poétique face à la fiction du pouvoir.
On a pu constater qu’une des préoccupations de Jean de La Fontaine, à travers les fables, était de nous mettre en garde contre l’oubli des lois de la nature, dont il a bien des fois souligné la puissance. En effet, la tortue paraît insensée de vouloir braver la