La france bourgeoise
Le XIXe siècle a pu être décrit comme l’âge d’or de la bourgeoisie. De la Révolution, qui permet l’avènement de nouvelles valeurs fortement inspirées du modèle bourgeois, jusqu’à la Belle Epoque, qui consacre le triomphe politique et économique d’une élite sociale, qui restaure à son profit une société d’ordres que les révolutionnaires avaient eu la prétention de pouvoir esquiver par un simple décret. La bourgeoisie forme un groupe hétérogène, qui trouve son unité, non par un niveau de richesse, mais par sa cohésion autour de certains principes et d’un mode de vie, qui fonde sa distinction sociale. C’est en même temps un modèle, qui imprègne l’ensemble de la société française, même si une nouvelle classe sociale émerge à la même époque, le monde ouvrier.
I. des principes fondateurs qui imprègnent la société tout entière 1. La bourgeoisie, une définition plurielle La bourgeoisie ne forme nullement une classe sociale homogène. Il s’agit certes d’une élite, mais à la définition floue. D’ailleurs, c’est une classification spécifique à l’histoire française : le terme de « bourgeoisie » désigne une réalité si typiquement française qu’il n’existe pas d’équivalent en anglais ou en allemand. De plus, c’est une classification politique : le terme est utilisé dès la Restauration par les historiens libéraux, comme Guizot, afin de souligner leur place devenue dominante depuis 1789. Mais la réalité sociale que recouvre ce terme n’est pas évidente, si on renonce à une définition en creux (ni noblesse, ni peuple). Une des meilleure définition est celle donnée par Marc Bloch, dans l’Etrange défaite : « J’appelle donc bourgeois de chez nous un Français qui ne doit pas ses ressources au travail de ses mains ; dont les revenus (…) lui permettent une aisance de moyens et lui procurent une sécurité, dans ce niveau, très supérieure aux hasardeuses possibilités du salaire ouvrier ; dont l’instruction, tantôt