La fuite des cerveaux
Le séisme en Haïti est un drame récent, et aura dans un avenir proche, de lourdes conséquences sur les flux migratoires de la région. De nombreux Haïtiens, notamment les plus qualifiés, vont immigrer sur le continent afin de trouver de meilleures conditions de vie que dans leur pays d’origine sinistré. Haïti était déjà, avant le séisme, un pays qui connaissait une très forte migration de sa population qualifiée. Les derniers événements vont encore plus accentuer une tendance structurelle.
Ce problème de la fuite des travailleurs qualifiés dissimule la question plus large de l’exode des cerveaux (ou fuite des cerveaux). La fuite des cerveaux, appelée également « drainage des cerveaux », ou « Brain Drain » en anglais, est l’ensemble des migrations des travailleurs qualifiés, des scientifiques et des artistes d’un pays vers un autre ; généralement plus riche.
Le débat sur la fuite des cerveaux n’est pas nouveau. En effet, Dimitris N. Chorafas expliquait déjà en 1969, les enjeux et les problématiques issues de ce phénomène dans son livre La Fuite des Cerveaux1. Il démontre que c’est un phénomène qui a toujours existé dans l’Histoire. Ainsi, les intellectuels grecs sous le règne de Ptolémée 1er émigraient déjà en direction d’Alexandrie afin de jouir des plaisirs de la Grande Bibliothèque. Plus récemment dans l’Histoire, Chorafas explique que c’est à cause des « effets incalculables » de la fuite de ses cerveaux allemands en 1930-1938, que l’Allemagne nazi a perdu la Seconde Guerre mondiale.
Nous verrons dans un premier temps quelles sont les causes et les raisons qui expliquent les phénomènes d’exode de cerveau. Dans un second temps, nous verrons quelles sont les conséquences économiques, culturelles et sociales de ces exodes, à la fois sur les pays d’accueil et sur les pays d’origine. Enfin, nous dévoilerons les enjeux que sous-tendent ces flux migratoires. Quels sont-ils ? Quelle est leur portée ?
I. Les Raisons
Les raisons pour lesquelles