La féodalité
SEIGNEURS ET PAYSANS
Entre le XIe et le XIIIe siècle l’Occident connaît une mutation non seulement économique mais sociale ; les structures d’encadrement se précisent. Nonobstant des caractéristiques communes, cellesci revêtent des aspects singuliers selon les États et le schéma présenté ci-dessous est celui que l’on rencontre principalement dans le royaume de France. I. LA SEIGNEURIE Tous les paysans subissent plus ou moins directement la pesante tutelle du château et tous les hommes sont encadrés, enserrés dans la cellule seigneuriale. Maître du château, le seigneur rend la justice, visite les terres, exige des redevances. Outre son autorité morale, le seigneur se distingue par un genre de vie particulier - « noble » - marqué par certaines activités (guerre, chasse) et par un souci de paraître (dépenser est une nécessité liée à son rang, goût pour les objets de luxe - parures, armes). Le seigneur n’est pas - ou ne devrait pas être - seulement celui qui opprime, mais aussi celui qui protège. La seigneurie est un cadre juridique, social et économique. 1. La seigneurie foncière La seigneurie foncière est liée à la propriété de la terre (ou à sa jouissance dans le cas d’un fief). Il existe des seigneuries foncières laïques ou ecclésiastiques, leur taille varie considérablement. Tout seigneur foncier dispose d’un pouvoir d’exploitation économique. Une seigneurie se compose de plusieurs ensembles : * Le domaine du maître ou réserve (mansus indominicatus). Entre le XIe et le XIIIe siècle, celui-ci peut évoluer soit par lotissement de la réserve (transformation en tenures), soit à la suite de partages successoraux (prolifération des lignages seigneuriaux), soit par amputation pour des legs pieux ou des concessions temporaires qui s’avèrent souvent définitives (jusqu'à la fin du XIIe siècle, le procédé reste cependant limité). La constitution de fiefs ou de précaires pour doter les vassaux ou les ministériaux est aussi une raison d’amoindrissement de la réserve.