La grotte, jean annouilh
(1961)
Drame
«La grotte» est cet espace de cuisines et dépendances d’un hôtel particulier du Faubourg Saint-Germain où vivent les domestiques et où les maîtres, le Comte et sa famille qui vivent à l’étage, ne pénètrent jamais. L’action commence quand un commissaire du Quai des Orfèvres vient enquêter sur le meurtre de la vieille cuisinière qui a été, dans son jeune âge, la maîtresse du Comte.
Commentaire
Première de toute une série de pièces dans lesquelles Anouilh allait se livrer à un retour sur lui-même et sur ses personnages, à une fine analyse de l'effort créateur pour tirer la quintessence de son art, ce fut aussi une tentative pirandellienne de «théâtre dans le théâtre». Il se présenta tout bonnement comme l'auteur en train d'écrire (et on le lui a reproché) une pièce d'Anouilh ! Il effectua un audacieux mélange des genres.
Le décor, en deux étages, sépare, en bas, la grotte, l'antre obscur de la cuisine, sous-sol où vivent les domestiques, et, en haut, le salon d'apparat de la riche maison bourgeoise. À cette dichotomie scénique correspondent les personnages : dans la grotte : Marie-Jeanne, cuisinière ; Romain, maître d'hôtel ; Léon, cocher ; Marcel, valet de chambre ; Hugueline, femme de chambre ; Adèle, fille de cuisine ; Alexis, aide de cuisine ; en haut : le comte, la comtesse, le baron et la baronne Jules ; on pourrait ajouter la première comtesse, la Vieille, dont le portrait trône au milieu du salon et qui, bien que morte, conserve une puissante influence sur tous les vivants.
Trois personnages restent à part : l'auteur, sur le proscénium, qui présente, explique, commente, critique, s'indigne et annule certains passages ; le séminariste, fils illégitime de la cuisinière et du comte, donc homme du peuple et homme du monde, et le commissaire de police, qui se collette avec une obstination de taureau à sa tâche, à découvrir l'assassin de la cuisinière. La pièce débute comme un bon roman policier : Ermeline Joseph, 47 ans, a