La guerre contre le terrorisme
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24 pages
LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME LE PIÈGE DES MOTS par Gilles ANDRÉANI (*) En réponse aux attaques du World Trade Center et du Pentagone, le Président Bush a déclaré la guerre au terrorisme mondial (« terrorism with a global reach ») et a annoncé que la guerre ne se terminerait qu’avec l’éradication de ce mal. La punition des instigateurs des attentats, la déroute de leurs complices talibans au terme d’une campagne militaire fulgurante marquent ainsi le début, et non la fin, de la riposte américaine. La lutte qui s’est engagée au lendemain du 11 septembre 2001 est une entreprise de longue haleine : entreprise multiforme, qui implique la répression policière et judiciaire, le renseignement, l’action diplomatique et militaire. La guerre contre le terrorisme mondial ne pourra pas se conclure sur un bulletin de victoire final, pas davantage que la guerre contre le crime ou contre la drogue. L’emploi du mot « guerre » pour désigner la lutte contre ce type de fléaux plutôt que contre un ennemi désigné a toujours été métaphorique : il symbolise, pour ceux qui l’emploient, leur mobilisation, leur refus de toute complaisance ou de tout compromis. Il exprime leur conviction que la drogue, le crime ou le terrorisme produisent des ravages aussi considérables qu’un ennemi déclaré, et leur volonté de traiter comme tel l’ensemble de ceux qui en sont responsables. Cependant, dans le cas du 11 septembre, l’emploi du mot « guerre » est allé au-delà de la métaphore, pour au moins trois raisons : 1. Les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone, par leur soudaineté, l’ampleur des destructions et la désorganisation qu’elles ont causées, ont, pour la première fois dans l’histoire du terrorisme moderne, atteint un niveau de violence comparable à celui qu’aurait provoqué une opération de guerre. Bon an, mal an, le terrorisme international faisait chaque année environ 500 morts. Le 11 septembre 2001 démontre la réalité d’un terrorisme de masse d’une capacité de destruction