La guerre contre les préjugés a t elle une fin?
Or, la vie sociale chez les hommes, à la différence des insectes sociaux, est tout sauf naturelle. De sorte que les préjugés, s’ils bloquent la réflexion, favorisent, voire constituent le lien social. Juger comme les autres c’est s’unir aux autres. Juger par exemple que les femmes sont incapables de coudre ou qu’un jeune homme est l’objet d’amour par excellence n’est pas plus fondé que l’inverse. On aura reconnu des préjugés qui sont contraire aux nôtres. On comprend alors que la raison ne puisse pas vraiment lutter contre les préjugés. Socrate en fit l’expérience si on en croit Platon dans son Apologie de Socrate. Il allait interrogeant tout le monde à la suite de l’oracle qui le déclarait le plus sage ou savant des hommes. Il montrait à ses interlocuteurs, hommes politiques, poètes ou artisans qu’ils ne savaient pas, suscitant la haineToutefois, Socrate eut quelques disciples. N’est-ce pas la preuve qu’un préjugé peut être combattu et donc qu’il est possible de mener à bonne fin la guerre contre les préjugés ?
C’est qu’en effet, si un préjugé favorise le lien social, il se présente aussi comme un jugement. Aussi le doute relatif à sa vérité est-il susceptible de le détruire. Et même, c’est parce que les hommes ont quelque idée de la vérité qu’ils tiennent tant à leurs préjugés. La vérité ne changeant pas, lorsqu’ils ont admis un jugement parce qu’ils l’ont reçu en toute confiance, ils ne veulent pas en changer.
C’est pourquoi il est