La guerre d'algerie
Prologue (1945-1947) :
La proximité des côtes languedociennes et provençales, l'importance des intérêts français, la présence d'une importante colonie (près d'un million de personnes d'origine chrétienne ou juive, et de statut civil français pour environ 8 millions et demi de musulmans en 1954), ont habitué à considérer l'Algérie comme indissolublement liée à l'avenir de la Métropole. Cette satisfaction n'est pas de mise. Elle oublie la violence et les difficultés d'une conquête vieille de moins d'un siècle. Elle ignore totalement les aspirations des élites musulmanes, à peu près totalement écartées des responsabilités, en particulier par les dispositions qui lient l'octroi de l'intégralité des droits civiques à la renonciation au statut personnel musulman. Elle méconnaît la misère et l'éloignement de la masse des paysans algériens. Elle sous-estime la force des sentiments identitaires qui amène, en particulier, l'immense majorité à rejeter le statut personnel français comme une apostasie, sans doute culturelle et nationale autant que religieuse, sentiments que ne suffisent pas à dissiper les contacts amicaux que, malgré tout, ont pu entretenir des éléments privilégiés des différentes communautés. Dans l'entre-deux guerres sont apparus les principaux mouvements de remise en cause : les modérés de Ferhat Abbas, d'abord tentés vers l'assimilation, mais qui, déçus par l'absence de réformes évoluent de plus en plus vers la conception d'une certaine autonomie ; les Ulema du cheikh Ben Badis, religieux qui revendiquent moins l'indépendance que la reconnaissance de la personnalité arabo-musulmane d'une nation algérienne différente de la nation française ; les radicaux de Messali Hadj (Étoile nord-africaine, puis Parti du peuple algérien ou P.P.A.) partisans d'une indépendance immédiate. La guerre précipite l'évolution : l'effondrement de mai 1940, l'épisode de Mers El-Kebir, la défaite de Vichy en Syrie et au Liban et son occupation par