La guerre
L’apologue peut séduire un lecteur plus attiré par un récit amusant que par un essai ou un long discours. Fables et contes laissent en effet plus de place à la narration qu’à l’argumentation directe et entraînent le lecteur dans l’imaginaire ; les récits riches en péripéties font vivre des aventures extraordinaires et découvrir des mondes très différents, voire merveilleux. La fantaisie cependant n’est pas gratuite mais se met au service de la satire. Au XVII° siècle, les contes de Perrault passent par l’intermédiaire d’ogres et de fées pour bouleverser les rapports sociaux, comme dans « Le Chat botté », où l’on voit que l’activité et le mérite personnel valent mieux qu’un héritage. Voltaire, au siècle suivant, entraîne le lecteur de Candidedans de nombreuses aventures (naufrage, duels, pirates, sauvages...) qui le mènent d’Europe en Amérique et en Turquie, mais ces aventures sont avant tout une illustration des injustices que subissent ses contemporains ; l’actualité s’immisce dans l’intrigue pour dénoncer les malheurs et les injustices de l’époque : désastre de Lisbonne, barbarie de la guerre ou de l’esclavage, intolérance du tribunal de l’Inquisition. La malfaisance du monde, démenti de la philosophie optimiste, apparaît d’autant plus nettement et le lecteur se sent plus concerné par ces malheurs qui le touchent de près. Ces genres littéraires touchent ainsi un large public, que des formes plus sérieuses pourraient rebuter.
Quelque soit l’époque ou le mouvement littéraire, les auteurs ont su défendre une cause à travers leurs récit. La fiction littéraire en elle-même est une œuvre de l’imagination dans laquelle les personnages et l’histoire sont imaginaires. Par les moyens que nous allons analyser, nous pouvons nous demander si cette fiction littéraire est la plus efficace pour argumenter ou dénoncer. Une première partie sera centrée sur ses enjeux: nous étudierons les divers formes de l’apologue et comment elles sont