Dissertation 1

« La guerre emporte les couches d’alluvions déposées par la civilisation et ne laisse subsister en nous que l’homme primitif. Elle nous impose de nouveau une attitude de héros, ne croyant pas à la possibilité de leur propre mort ; elle nous montre dans les étrangers des ennemis qu’il faut supprimer ou dont il faut souhaiter la mort ; elle nous recommande de garder notre calme et notre sang froid en présence de la mort de personnes aimées. »
Cette affirmation de Freud montre la guerre sous un angle très péjoratif, et présente l’individu comme une victime, passive, à laquelle la guerre arrache toute humanité, c’est-à-dire ce qui fait de l’individu un homme civilisé, différent de l’homme dans l’état de nature : l’homme primitif.
Il dénigre également l’héroïsme, qui nous lèse de la première de nos qualités humaines, la conscience de notre propre mort. La mort de l’étranger doit-être au contraire une préoccupation première, tandis que celle de nos proches ne doit pas nous émouvoir. Freud veut donc montrer que la guerre nous ôte une grand part de notre identité humaine, en cela qu’elle nous démunit d’une qualité première, la sensibilité face la mort. Il s’oppose à une thèse ancestrale, qui prévalait notamment dans l’Antiquité, selon laquelle la guerre est une chose belle, grande, qui porte la noblesse de l’espèce humaine à son paroxysme, et que tout homme se doit de pratiquer et d’honorer. Peut-on affirmer que la guerre est un phénomène qui par son essence s’oppose à notre identité humaine ? La guerre oblige à dépasser les contingences de l’existence quotidienne et à les sublimer, mais avec le risque de perdre la couche d’humanité qui nous distingue de l’homme primitif. Elle conduit donc à penser différemment le rapport à la mort, la notre, celle de nos proches, et celle de nos ennemis.

La guerre est un de ces phénomènes particuliers qui provoquent chez les foules l’exaltation la plus grande. De tous temps, en tout lieu, la