La haine-analyse
La haine, une esthétique en rupture avec la Nouvelle Vague.
La haine c’est un succès colossal, un film qui dès sa sortie en 1995 devient culte et rafle des récompenses aussi prestigieuses que le César du « meilleur film » ou encore le « prix de la mise en scène » au festival de Cannes. C’est également un film qui réussit le tour de force de faire l’unanimité, le public comme la critique est conquis. C’est aussi une réussite internationale, un film qui « a fait le tour du monde car il représente un problème international ». Mais avant tout ça, La haine est d’abord le deuxième long métrage d’un jeune réalisateur de vingt-six ans Matthieu Kassovitz. Il veut faire un film en noir et blanc, sans acteurs connus à l’époque et surtout sur la jeunesse des cités. La haine est donc un film de la jeunesse sur la jeunesse tout comme le furent les films de la Nouvelle Vague dans la fin des années cinquante. Mais ce triomphe, La haine ne le doit pas seulement à son sujet intense mais également à son incroyable mise en scène. Sa forme esthétique se démarque complètement de celle qui prédomine dans le cinéma français des années nonante. En effet, l’esprit de la Nouvelle Vague reste encore très présent et la grande majorité des films sont encore sous son influence. Pourtant, certains jeunes cinéastes, fatigués par ce cinéma d’auteur qui est conforté dans l’idée d’être le « vrai cinéma », lui tournent le dos. La force de La haine, et qui explique en grande partie son succès immédiat et sa postérité, c’est sa volonté d’être à contre-courant, de s’opposer avec une force quasi herculéenne aux normes esthétiques dictées par la Nouvelle Vague. Matthieu Kassovitz avec ce film brise sans complexe la relation forte entre le cinéma et un courant qui par son impact est une part inextricable de l’histoire de ce dernier. Afin de saisir l’enjeu esthétique de La haine, à savoir celui d’un film qui rompt avec les codes de la Nouvelle Vague, il faut revenir à l’origine