La jalousie
Si la philosophie considère généralement la jalousie comme une passion néfaste, il faut bien se demander comment le philosophe peut dès lors appréhender celle-ci, tant elle semble aux antipodes des qualités recquises (calme, réflexion, médiation...) pour bien philosopher.
La jalousie est, nous l'avons dit, communément considérée comme un sentiment mauvais. D'un point de vue étymologique la jalousie vient du grec zelos qui signifie zèle. Il est vrai que le jaloux est celui qui va accorder trop de crédit à ses suspicions, comme l'exprime Corneille dans Le Menteur : «La jalousie aveugle un cœur atteint, - Et, sans examiner, croit tout ce qu'elle craint». D'une manière générale, on pourrait définir la jalousie comme sentiment de dépossession, au profit d'un tiers, de l'affectivité positive (amour, amitié, estime) que l'on inspire à autrui.
Toutefois, dans l'expérience, deux sens de la jalousie se distinguent : d'une part, on l'éprouve en constatant qu'un autre jouit d'un avantage que nous ne possédons pas et que l'on souhaiterait posséder (un enfant est jaloux du jouet de son camarade), d'autre part, on l'éprouve dans le cadre d'une relation amoureuse du fait d'une crainte (ou d'un constat) de l'infidélité de la personne aimée.
Dans l'un comme dans l'autre cas, la jalousie est traitée négativement. Ainsi les stoïciens et les épicuriens, qui condamnent unanimement les «troubles» de l'âme qui viennent parasiter la vie sage et bienheureuse. La jalousie est bien une «passion» selon ces deux écoles, c'est-à-dire un pâtir. La jalousie prend possession de l'âme et l'empêche de voir clairement les choses. Le jaloux est celui qui se laisse posséder