La justice et la force, une approche philosophique
La justice et la force sont des notions qui, mises en relation, posent problème. Dès le XVIIème siècle, Blaise Pascal, dans ses Pensées, se questionnait : « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique » . Ces deux termes, considérés dans leur définition primitive, semblent frappés d’antonymie.
La justice est, du point de vue du concept, de ce qui est écrit, la conformité au droit positif : la justice des hommes est aussi bien le pouvoir de faire régner le droit et l’exercice de ce pouvoir. Du point de vue de l’idée, la justice est un idéal, une valeur, un horizon comme respect de la personne, en tant que sujet moral et sujet de droit. Selon le concept, on trouve comme qualité essentielle de la justice le pouvoir d’exercer et donc la force au service du droit : une force calculée, maîtrisée, limitée au service de la raison, pour tous et par tous ; au contraire de la violence, irrationnelle, emportée, sans limite que la mort d’autrui, au service d’une volonté particulière, exercée par une violence particulière.
La force est un concept désignant la puissance d’action physique, mais aussi la contrainte morale, la violence. Contrairement à l’idée qui se pense par un effort de liberté, une force se mesure. Contrairement à l’idée qui régule, la violence ne régule rien, elle brise ou détruit. Si l’idée permet de juger, d’évaluer, de justifier dans une certaine mesure, la force ne justifie rien car la force ne fait pas le droit.
Ces essais de définition nous conduisent à relativiser l’opposition des deux notions. En effet, selon Pascal, « La justice sans la force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste » .
Dans un premier temps, Pascal oppose les concepts de justice et de force et