La justice
A/ Quelques définitions.
Spontanément, nous avons tendance à être égoïste, à réclamer tout, tout de suite, à nous affirmer aux dépens des autres. Or, nous ne sommes pas seuls, ce qui nous oblige à tenir compte des autres et à partager avec eux selon une juste proportion. Toutefois, il est difficile de nous accorder sur les règles du partage. On peut alors commencer cette réflexion sur la justice par l’évocation de quelques injustices ( qu’elles soient commises ou subies ). Car, s’il est difficile de définir la justice, il semble que l’on soit immédiatement sensible aux injustices que l’on subit ou que l’on commet. Socrate : Voilà un des paradoxes moraux soutenus par Socrate qui discute avec Polos, dans le Gorgias : « Moi, tu sais, je ne voudrais ni l’un ni l’autre. Mais s’il était nécessaire soit de commettre l’injustice, soit de la subir, je choisirais de la subir plutôt que de la commettre. » Gorgias Platon. Cette thèse est à mettre en relation avec la vie de Socrate : alors qu’il attend son exécution, ses amis lui proposent de soudoyer son geôlier pour qu’il s’enfuie. Ce qu’il refuse, en développant l’idée qu’il a choisi d’obéir aux lois de la Cité et qu’il se désavouerait s’il cherchait à leur échapper quand elles lui sont défavorables. Cf. Criton. Augustin : Confessions, Livre deuxième, chapitre IV : « Certes votre loi, Seigneur, condamne le larcin, une loi gravée dans le cœur des hommes et que leur iniquité même n’abolit pas. Quel voleur accepte qu’on le vole ? Le riche n’admet pas l’excuse de l’indigence. Eh bien ! moi, j’ai voulu voler, et j’ai volé sans que la misère m’y poussât, rien que par insuffisance et mépris du sentiment de justice, par excès d’iniquité. Car j’ai volé ce que je possédais en abondance et de meilleure sorte. Ce n’est pas de l’objet convoité par mon vol que je voulais jouir, mais du vol même et du péché. Il y avait dans le voisinage de notre vigne un poirier chargé de fruits qui n’avaient rien de tentant, ni la beauté ni