La langue, clivage social
1542 mots
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Le clivage social, phénomène transcendant les époques et les sociétés, n’est pas propre aux français, mais il est envisageable que le français en soit un facteur. Ce sur quoi s’interrogent différents spécialistes et auteurs qui ont tenté d’éclaircir cette question. Que ce soit Zouhour Messili et Hmaid Ben Aziza dans leur article introductif « Langage et exclusion. La langue des cités en France » paru dans Les cahiers de la Méditerranée en 2004 qui l’illustrent en prenant l’exemple des banlieues, société dans la société avec des modes d’expressions propres ; ou bien encore Claude Duneton dans son ouvrage Parler croquant édité en 1973 chez Stock et dix ans plus tard Annie Ernaux dans La Place, édition Gallimard, qui développent tous deux, à travers des exemples historiques rattachés au quotidien, le déterminisme social du langage. La conférencière et chercheuse Rouba Hassan, dans son article « Recherches en didactique du français langue maternelle » pour la revue Repères, étudie quant à elle cette question par le prisme du milieu scolaire et plus spécifiquement, les difficultés d’apprentissage. Le langage et son utilisation ne peuvent être considérés en-dehors des dimensions culturelle, sociale et historique pour comprendre leur rôle dans le clivage social. Il est également nécessaire de se pencher sur les spécificités intrinsèques de la langue française et les représentations qu’elle génère et qui la marquent, afin d’envisager les conséquences possibles sur son apprentissage à l’école.
D’un point de vue historique, C. Duneton situe la langue française comme issue de « la bonne société » avant qu’elle ne soit brutalement ouverte au début du siècle à l’ensemble du peuple français par le biais de l’instruction publique. Cette obligation du parler bien va mettre en difficulté des millions de personnes dont la langue quotidiennement usitée était marquée par leur appartenance sociale, géographique et culturelle. A. Ernaux raconte l’effort qu’il lui a fallu fournir,