La lessive
LA BUE OU LA GRANDE LESSIVE
Jadis, on procédait aux bues, que l’on appelait également les buées, et même les buis ou buies en Berry, en Lyonnais et en Bourgogne. « La grande lessive », comme on l’appelait également, était une cérémonie rituelle qui consistait à laver le linge (du latin lineus = lin, le linge désignant au départ la toile de lin) deux fois par an dans le cuvier, un énorme baquet appelé aussi le cuveau, le bugadier ou le bougadou dans certaines régions (dans le Sud Ouest). Faire la bue chez nous désignait l’ensemble de l’opération qui se déroulait sur trois jours. La grande lessive nécessitait beaucoup de temps et de peine, surtout pour les mères de famille. Les armoires étaient bien garnies en linge, de quoi passer l’année sans encombre : c’est ce qui explique le volume de linge à laver les jours de grande lessive. LES OPERATIONS PREPARATOIRES. On commençait par trier le linge à blanchir en plusieurs catégories. On séparait le linge délicat du gros linge. On pratiquait ensuite le trempage, en passant une première fois le linge dans un baquet pour faire tomber au fond les matières peu adhérentes et solubles (poussières, boues). L’ESSOINGUAGE. Ensuite, on l’emmenait dans le ru ou la rivière proche (ou encore le lavoir) pour l’essangeage ou l’essoinguage, opération au cours de laquelle le linge était rincé dans l’eau claire et courante, rendue légèrement alcaline avec du sel de soude. On ne frottait que les grosses taches en repliant la toile, sans savon. Un baquet se remplissait pendant que l’autre se vidait. Ainsi, la crasse était dissoute dans l’eau froide alors que ses matières se coagulaient dans l’eau bouillante. On faisait ainsi plusieurs navettes au ru. Le lendemain, c’était jour de bue, jour de lessive. Les hommes allaient chercher la brouette dans la remise, sur laquelle ils posaient un énorme baquet, le cuvier, dans lequel les femmes avaient entassé les paires de draps de l’année (les linceux, comme