La liberte est elle menacee par legalite
L'avènement de la démocratie passe par l'isonomie. La tyrannie est le pire des régimes parce que, comme le fait dire Eschyle à Thésée, vainqueur du Minotaure : pour le tyran, « la loi, c'est sa chose ». L'égalité de tous devant la loi préserve donc a priori des abus du pouvoir. Ce qui garantit la liberté, du moins en droit, c'est une constitution démocratique. Et c'est pourquoi l'assemblée déclare en 1789 que « tous les hommes naissent libres et égaux en droit ». Mais qu'en est-il dans les faits ? Il est clair que dès qu'on observe les faits, l'égalité n'est plus de mise. La différence des compétences semble même aller contre l'idéal d'isonomie. N'est-il pas alors souhaitable de confier les affaires de la cité aux meilleurs ? C'est ce que pense Platon qui, contre les sophistes, condamne la démocratie dans la mesure où elle n'est qu'une médiocratie : Parce que l'égalité de parole donne finalement le pouvoir aux incompétents, il faut réserver le pouvoir au philosophe-roi. La cité idéale ne saurait être égalitaire.
II) Excès de liberté, excès d'égalité :
Pourtant, ce rêve d'une logocratie (le pouvoir donné à la raison) ne constitue-t-il pas une menace pour la liberté elle-même ? Car au nom de la raison, n'est-on pas amené à justifier bien des crimes ? Hobbes, par exemple, estime qu'il est rationnel que chacun donne volontairement, par contrat, sa force à un seul (le Léviathan) qui en échange garantira la sécurité de tous les citoyens. Mais n'est-ce pas, comme le voit Rousseau, payer au pris de sa liberté l'égalité dans la sécurité ? D'où la nécessité que le contrat social préserve avant tout la liberté civile Cependant si la tâche de l'Etat est d'assurer la liberté et la jouissance des biens, comme le pense Locke, le risque que l'Etat libéral profite seulement aux possédants devient évident. C'est pourquoi, il est tentant de rééquilibrer le partage des biens dans la cité par des mesures anti-libérales. Ainsi