La liberté du vouloir
La liberté, est-ce faire tout ce que l’on veut ? C’est à cette question que tente de répondre Platon, dans un dialogue qui oppose Socrate et Polos, lorsqu’il se demande si les tyrans, disposant d’un très grand pouvoir sur les autres hommes, sont libres. Dans ce dialogue, Socrate affirme que les tyrans ont une puissance très limitée et ce, bien qu’ils soient « sans contraintes » et puissent faire périr et chasser qui bon leur semblent. Le tyran, dit Socrate, fait ce qui lui paraît le meilleur (n’oublions pas que pour Socrate, « nul ne fait le mal volontairement ») mais ne fait pas pour autant ce qu’il veut. Il fait ce qui lui plaît mais cela sans discernement. Comme l’homme qui absorbe une drogue non parce qu’il veut cet acte même mais veut ce pour quoi il accomplit cet acte (être en bonne santé), le tyran ne veut pas ses actes eux-mêmes mais le but dans lequel il les fait. En ce sens, il succombe entièrement à ses désirs, n’a plus aucune maîtrise sur eux.
La réflexion de Kant est proche sur ce point de celle de Platon. Pour Kant, la liberté ne signifie pas indépendance mais autonomie, c’est-à-dire capacité à se donner à soi-même (autos) ses propres lois (nomos). La liberté n’est indépendance que dans le sens où elle se détache de toute détermination sensible, autrement dit de toute détermination par le désir, c’est-à-dire de toute hétéronomie : c’est la liberté au sens négatif. La liberté au sens positif n’est rien d’autre que la législation de la raison pure (source de la loi morale et des devoirs) en tant qu’elle se donne des maximes d’actions universalisables : « Agis de telle sorte que la