La liberté intérieure semble inaliénable
Qu'est-ce donc que la liberté intérieure ?
C'est d'abord la liberté de penser. Je suis parfaitement libre, remarquait Descartes, d'adhérer ou non à une idée. Personne ne peut me forcer à croire ou non une chose, et d'ailleurs personne ne peut même savoir ce que je pense. On peut donc me forcer à agir (par exemple à adopter les signes extérieurs d'une religion qui n'est pas la mienne, ou à abjurer publiquement mon dieu), mais non à penser telle ou telle chose.
La liberté de penser est donc une liberté évidente et indubitable, qui s'éprouve directement.
Et pourtant, on peut déjà critiquer ce point de vue. Le mathématicien est-il véritablement libre ? D'un certain point de vue, non, car il est soumis à la raison. On est plus libre quand on traite une rédaction de français qu'une dissertation de philosophie. Dans la mesure où on pense, on se guide en effet sur la vérité que l'on cherche à reconnaître et à exprimer. Personne ne peut m'obliger à accepter ou non une idée, mais quelque chose en moi m'y oblige tout aussi impérieusement : ma raison.
Toute la difficulté est de savoir si cette obéissance à la raison est une restriction de ma liberté – auquel cas on devra dire que le fou ou le sot sont plus libres que le sage – ou si au contraire ma liberté culmine dans la lucidité et l'obéissance à la raison...
2. La liberté de vouloir
Outre la liberté de penser, il y a la liberté de vouloir.
Le stoïciens disent ainsi que ma liberté fondamentale réside en mon esprit : je suis libre de vouloir telle ou telle chose, d'accorder de la valeur à telle ou telle chose. Or toute action découle de ma volonté. Par conséquent mon action est, elle aussi, toujours parfaitement libre :
Homme, tu possèdes par nature une volonté qui ne connaît ni obstacles ni contraintes : voilà ce qui est écrit dans ces entrailles. Je te le ferai voir d’abord à propos de l’assentiment. Y a-t-il quelqu’un qui puisse t’empêcher d’adhérer à la vérité ? Personne ; tu