La métamorphose du héros à travers les sciècles
Le héros médiéval est jeune, noble et animé d'une soif de conquête (Chrétien de Troyes). Il reçoit la protection de ses paires et a accès à l'amour courtois grâce aux interventions divines. En fait, il réussit la plupart du temps à surmonter les obstacles qui se dressent devant lui. L'objet de sa quête est presque toujours atteint. Il est donc héroïsé et est aussi promis aux plus hautes destinées.
De même dans les épopées, le personnage est magnifié par l'ampleur de ses exploits qui le rendent quasi invincible. (L'Iliade d'Homère ou l'Odyssée même si parfois les héros sont victimes des dieux).
A cause du contexte historique notamment, le statut du héros dans les romans va être amené à se modifier sensiblement. Par exemple, dans Robinson Crusoé (1719) de Defoe, le héros moderne a rompu les amarres avec ses ascendants. Il ne doit sa réussite qu'à sa valeur personnelle.
Autre exemple : celui des romans picaresques. Ces romans ont pour héros un individu modeste, vagabond qui vit de ses larcins. Voir Gil Blas de Santillane écrit par Lesage et publié entre 1715 et 1735. Dans la Chartreuse de parme, le héros de Stendhal adopte parfois le même comportement. Ce qui nous amène à parler du héros dans le roman d'apprentissage du 19ème siècle : Flaubert, Balzac, Stendhal ou Maupassant.
Son statut est remis en cause par Flaubert notamment dans Madame Bovary, où les héros sont en fait des "antihéros" car ils échouent sur tous les plans et se signalent par leur médiocrité, leur inaptitude à s'inscrire durablement dans une société généralement avare en bons sentiments et qui relègue l'homme de cœur au second plan. Le héros du roman d'apprentissage (Rastignac chez Balzac) ajuste son idéal ou son ambition aux contraintes de la société. Par là, Flaubert annonce le nouveau roman qui contestera les schémas traditionnels du