Dans « La Maison Tellier », qu'il publie pour la première fois en 1881 dans le recueil de nouvelles du même nom, Maupassant présente à son lecteur l'univers des maisons closes. Il va ainsi dans le sens de l'intérêt de la littérature du XIXème siècle pour le monde de la prostitution. Cet univers représente l'inconnu. Le bordel est un lieu clos que seuls ceux qui le fréquentent pénètrent. Le caractère fermé et secret de l'endroit suscite la curiosité et alimente l'imaginaire. Dans sa nouvelle, Maupassant présente les prostituées qui œuvrent dans le joyeux lupanar qu'est la Maison Tellier. En effet, tout au long du conte, on suit le parcours des cinq filles et de leur patronne depuis leur maison de Fécamp jusqu'à Virville dans l'Eure. Le lecteur est alors projeté dans cet univers féminin par le regard acéré de l'auteur. Le récit s'ouvre par une présentation du lieu et des habitudes de ses occupantes et de leurs clients. S'en suit un portrait de Madame, de ses origines à son veuvage. On voit comment elle se comporte avec ses filles. Ensuite, le lecteur est un peu plus introduit dans l'univers du bordel par une description physique du lieu et de son organisation hiérarchique. Cette hiérarchie permet à Maupassant de distinguer les différentes femmes présentes dans la maison close, tout en insistant sur le personnage tutélaire de Madame. Le passage que nous allons étudier, depuis « Les trois dames du premier » (p.34) jusqu'à « ne manquait au rendez-vous quotidien » (p.35), poursuit la scène d'exposition. L'élément perturbateur du conte n'a pas encore eu lieu. Maupassant dresse un portrait plus précis des cinq employées de la maison close ainsi que celui de leur maîtresse. On retrouve trois moments dans le texte. Tout d'abord le portrait des trois filles du premier étage, depuis « Les trois dames du premier » (l.1) jusqu'à « à propos de rien. »(l.31). Ensuite, Maupassant peint les deux filles du rez-de-chaussée, depuis « les deux femmes du rez-de-chaussé » (l.32) jusqu'à