La mal en poesie

773 mots 4 pages
Ecoute, si même nous devons souffrir pour payer de notre souffrance l'harmonie éternelle, pourquoi même à cela les enfants, dis-le-moi s'il te plaît ? On ne voit absolument pas pourquoi il faut qu'ils souffrent, eux aussi, et paient, eux aussi, cette harmonie de leurs souffrances. Pourquoi sont-ils devenus matériaux, eux aussi, pourquoi doivent-ils, eux aussi, servir d'engrais à cette harmonie future qui profitera à on ne sait qui ? J'admets que les adultes soient solidaires dans le péché comme dans le châtiment, mais tout de même pas que cette solidarité s'étende aux petits enfants. Cependant, s'il est vrai qu'ils doivent répondre de tous les crimes commis par leurs pères, alors cette vérité n'est pas de ce monde et m'échappe. Un plaisantin dira peut-être que de toute façon l'enfant grandira et aura le temps d'accumuler péché sur péché ; mais justement celui-là n'a pas grandi qui, à huit ans, a été déchiré par les chiens. Oh ! Aliocha, je ne blasphème pas. Je comprends très bien ce que sera l'ébranlement de l'univers quand tout ce qui est au ciel et sous la terre s'unira en une seule louange, et que tout ce qui vit et a vécu s'exclamera : « C'est justice, Seigneur, car Tes voies se sont découvertes ! » Quand la mère elle-même embrassera le bourreau qui fit déchirer son fils par les chiens et que tous trois s'exclameront en pleurant : « C'est justice, Seigneur ! », alors, bien sûr, nous serons à la cime de la connaissance et tout sera expliqué. Mais c'est là précisément que nous butons, car c'est cela que je n'accepte pas. Et tant que je suis encore sur la terre, je me hâte de prendre mes mesures. Vois-tu, Aliocha, il est possible que, étant encore en vie ce jour-là ou bien ressuscité pour le voir, il est possible, dis-je, qu'à la vue de la mère embrassant le bourreau, je m'exclame moi-même avec tout le monde : « C'est justice, Seigneur ! » Mais justement je ne veux pas m’exclamer alors. Pendant qu'il est encore temps, je me hâte de me défendre, c'est pourquoi je

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