La mer dans l'odysée
L’espace de l’Odyssée est un espace maritime, comme l’est le monde grec. La mer joue le rôle de trait d’union entre les hommes (elle permet de passer de Troie à Ithaque), tout comme elle est ce qui sépare les terres et fait obstacle au retour. De là une gradation dans les termes employés pour décrire la mer : le rivage hospitalier de la Schérie où Nausicaa accueille Ulysse (als), la « mer poissoneuse » qui permet le retour des Schérie jusqu’à Ithaque, la haute mer sur laquelle la navigation est moins aisée (pelagos, la mer libre), puis la haute mer (pontos) et le gouffre où le danger est présent (après le départ d’Ogygie quand Poséidon poursuit à nouveau Ulysse). C’est la tradition maritime des Grecs qui apparaît ici : on peut naviguer sur la mer, mais elle présente toute sorte de dangers : les vents déchaînés (Eole), les écueils (Charybde et Scylla), les pilleurs (les Phéniciens cités par Alcinoos, qui en exclut Ulysse). Autant de danger que l’Odyssée traite en les transformant en récits. Le monde grec se structure autour de la Méditerranée : la mer que parcourt Ulysse est d’ailleurs circoncise par le fleuve Océan.
tempete
En fait, dans l'ordre dans lequel se présente notre texte de l'Odyssée, la première tempête racontée est celle que subit Ulysse peu de temps après avoir quitté l'île de CAlypso, au chant V, puis dans les récits d'Ulysse chez les Phéaciens au chant VII, puis au chant IX, au départ du pays des Cicones, au chant X, quand ses compagnons dénouent malgré l'interdit l'outre d'Eole, et au chant XII après le festin sacrilège des boeufs du Soleil. Dans les récits d'Ulysse comme dans celui du narrateur (au chant V), ces scènes de tempête sont des
"scènes typiques" pour reprendre la terminologie de Walter Arend (1933) : navigation tranquille avec une douce brise, soudain, le ciel s'assombrit, la mer se gonfle, les vents se déchaînent, les matelots sont emportés