La metropolisation en france
Adolphe est un jeune homme âgé de vingt-deux ans au début du récit. Il vient d’achever ses études à l’université. C’est un garçon très intelligent et tout spécialement apte à embrasser une brillante carrière. Il se montre cependant très désabusé et n’hésite pas à manifester en public une humeur très caustique. C’est l’effet d’une éducation spéciale, loin du père et sous l’influence d’une confidente et amie, vieille dame très spirituelle et toute pleine d’ironie mordante. Le roman, qui se présente comme une confession, est comme échappé du peu d’intérêt que le jeune homme éprouve envers lui-même. En vérité, c’est le caractère exceptionnel, non pas de son aventure, mais de sa lucidité qui le pousse à cette confession. Cette lucidité, le narrateur l’exerce sur son propre caractère. Il en ressort que la faiblesse est une composante essentielle de sa personnalité : mais c’est une « lâcheté » d’un type très particulier. Malgré son désir d’être parfaitement honnête, Adolphe est incapable de se montrer ferme avec Ellénore car il a peur de la faire souffrir. C’est ce que Paul Delbouille appelle sa « religion de la douleur[1] ». Tous ces éléments pourraient composer le portrait d’un personnage essentiellement caractérisé par sa fragilité si l’on ne mentionnait l’orgueil qui l’habite et le pousse à séduire Ellénore. De ce point de vue, on peut le rappocher du Julien Sorel de Stendhal dans le Rouge et le Noir qui se fixe comme objectif de conquérir Mme de Rênal ; à ceci près que Julien tombe bien amoureux de son hôtesse. Adolphe n’est pas réellement amoureux d’Ellénore. Dans la lignée des personnages de Crébillon-fils ou des héros du roman libertin du XVIIIe siècle, il se révèle parfaitement froid sous le masque de la passion dans sa conquête d’Ellénore. Mais ce qui fait la particularité d’Adolphe, c’est surtout sa capacité d’introspection et d’auto-critique : il adopte en permanence un certain recul par rapport à la situation qu’il vit. Plus exactement, il