la mondialisation des aliments
Loin de la macro-économie, l’alimentation et son côté tangible pour tous les mangeurs que sont les humains, constitue toujours un secteur utile pour illustrer les grandes tendances en cours de la mondialisation. Le fast food a gagné l’Europe au début des années 1970 et, immédiatement, il a signifié la disparition d’une certaine manière de manger et alimenté les prévisions les plus catastrophistes. S’il est vrai que « nous sommes ce que nous mangeons » (Fischler, 1990), et que la mondialisation change nos habitus par les voyages, les résidences multiples, la polyglossie, la consommation de produits culturels non autochtones, etc., alors, nos manières de manger changent aussi avec nos nouvelles temporalités individuelles et collectives. Mais comment ? Le parti pris de parler d’une « mondialisation » de l’alimentation jusque dans nos assiettes tient-il devant les faits ? Ces mets et ces plats qui voyagent expriment-ils une standardisation tant redoutée, puisqu’en Europe et, en France en particulier, la « mondialisation » est fortement connotée comme l’uniformisation des modes de vie à partir d’un standard étatsunien.
LA MONDIALISATION ALIMENTAIRE : IMAGES ET RÉALITÉS
2Peter Menzel et Faith d’Alusio (2005) ont photographié une trentaine de familles dans le monde avec ce qu’elles ont mangé devant elles en une semaine. Ces photos sont complétées par des reportages sur les manières de se procurer de la nourriture : chasse (au Groenland) et supermarché (un peu partout), mais aussi marchés, récoltes, etc. Elles voisinent aussi avec des reportages où l’on voit les gens manger, seuls ou en groupe. Mais elles sont surtout suggestives sur la disponibilité alimentaire dont disposent les humains. Le sentiment qu’on a en feuilletant ces pages est qu’il n’existe tout simplement pas d’alimentation mondialisée. D’abord, parce que les disponibilités alimentaires sont très disparates selon les niveaux de vie qui sont corrélés à des systèmes de