LE FACE-A-FACE EURO/DOLLAR par Michel DÉVOLUY (*) Un Secrétaire d’Etat au Trésor américain, M. Conally, a pu déclarer : « le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ». Cette formule, qui traduisait l’hégémonie du dollar dans l’ordre monétaire mondial, n’est plus valable aujourd’hui. De fait, il existe désormais un face-à-face euro/dollar, qui porte sur deux points : le premier réside dans la supériorité de l’une des deux monnaies sur l’autre ; le second, sur le poids relatif de chacune des deux monnaies sur la scène internationale. Nous nous proposons ici d’examiner ces deux points à l’aune de la théorie économique, mais aussi à partir de données politiques et géopolitiques. Dans un premier temps, nous aborderons la question de savoir si l’euro est fort ou faible, question d’autant plus pertinente que les fluctuations de l’euro et du dollar sont considérables depuis 2003. Ensuite, nous analyserons la diffusion internationale de chacune des deux monnaies. En revanche, nous ne nous lancerons dans aucune prédiction : tout pronostic précis serait hasardeux, car la mise en place d’une nouvelle donne monétaire au niveau international s’inscrit nécessairement dans la longue durée. Euro fort – ou faible – et taux de change La question de l’euro fort est récurrente depuis la création de la Monnaie unique. Elle était d’ailleurs déjà posée avant le 1 er janvier 1999. Derrière elle, on associe implicitement la « valeur » d’une monnaie à la puissance économique et politique du pays qui la gère (1). Cependant, cette observation est bien trop générale. Il convient tout d’abord de distinguer la valeur interne d’une monnaie de sa valeur externe : au niveau interne, une monnaie est dite forte si son pouvoir d’achat est préservé par le maintien de la stabilité des prix. De ce point de vue, la Monnaie unique apparaît incontestablement comme une monnaie forte, compte tenu de la maîtrise de l’inflation dans la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) peut d’ail-