La mort du roi tsongor
Grégoire de Tours (538-594), fin lettré et habile politique, est nommé évêque de Tours en 573. Fortement préoccupé de la propagation de la foi chrétienne, il est aussi le premier historien des rois de la dynastie des Mérovingiens. Témoin des faits de son temps, il est un chroniqueur très partial, manquant parfois singulièrement de sens critique. Malgré ses inexactitudes et ses partis pris, son ouvrage majeur Histoire des Francs, qui relate, par ailleurs, sans aucune gêne apparente, les crimes et les lâchetés des souverains, est un document d'une richesse exceptionnelle.
C'est deux ans après sa nomination au diocèse de Tours, que Grégoire entreprend de rédiger cette histoire des premiers rois francs. Pour mener à bien cette tâche, qui l'occupera jusqu'à sa mort, il s'appuie sur des archives de l'évêché de Tours et les témoignages de Clotilde, veuve de Clovis, qui longuement confie son expérience de reine à ses dames de compagnie et aux clercs tourangeaux. Les sources de Grégoire de Tours peuvent donc être caractériséess comme une «seconde main» de qualité.
Son extrait d' Histoire de Clovis, tiré d' Histoire des Francs, est paru dans la traduction de Robert Latouche, mais n'est pas la seule, puisqu'il en existe une autre, due à François Guizot, sensiblement la même, différente seulement par les synonymes et appellations francisées (par exemple, Guizot utilise «forêt de Bucania» contre «forêt de Buchau» par R. Latouche) .
Le contexte de l'extrait proposé est celui des suites des batailles de Clovis contre ses adversaires wisigoths. Un peu avant le récit principal, Grégoire raconte que Clodéric, fils de Sigibert le Boiteux, roi des Francs ripuaires, siégant à Cologne, a combattu à ses côtés à la bataille de Vouillé, contre le roi wisigoth Alaric II. Le récit commence quelques temps après la victoire des Francs, au moment où Clovis envoie un