la mort sur scene
Au XVIIIe siècle, le genre du conte philosophique connaît un franc succès : des auteurs comme Voltaire ou Diderot publient des ouvrages appréciés du public, mais aussi censurés. Alors que ce siècle est un siècle de philosophes, dans lequel les lumières de la raison doivent illuminer l'esprit humain, il est étonnant de constater que des genres narratifs fictifs soient appréciés : en effet, la raison s'appuie sur la logique et sur les expériences scientifiques, tandis que la fiction est un récit imaginaire qui laisse une grande part à l'imagination et à l'illogique. Pourtant, les philosophes du XVIIIe siècle considéraient bien ces œuvres comme des œuvres argumentatives, à condition que le lecteur puisse comprendre leur portée argumentative. Dès lors, dans quelle mesure les œuvres de fiction peuvent-elles convaincre le lecteur de façon efficace ? Nous verrons dans un premier temps qu'un récit fictif, par comparaison avec les genres de l'argumentation directe, peut être plus plaisant et davantage apprécié par le lecteur ; puis nous étudierons dans un second temps les limites et les dangers dans l'argumentation que représentent les œuvres de fiction.
-------Dans un premier temps, il est possible de considérer que les œuvres de fiction sont un moyen efficace de convaincre le lecteur : en effet, le genre du conte philosophique se distingue avant tout par un récit plaisant et divertissant que le lecteur a beaucoup de plaisir à suivre : c'est le cas de
Candide de Voltaire, publié en 1759, qui retrace les ridicules aventures du jeune personnage éponyme : pour agrémenter le plaisir de lecture, certains éléments comiques permettent de dérider le lecteur, comme la leçon de
« métaphysique appliquée » de Pangloss dans le premier chapitre, ou encore le ridicule des noms propres comme le château de Thunder-ten-tronkh, dont les sonorités se