La mort
Mon ami est parti le premier. J’aurais juré le contraire.
J’ai perdu mon pari, je lui dois une bouffe à la maison.
Avant qu’on ferme la boîte, j’ai vu une dernière fois ses cheveux blancs en auréole autour de son visage d’enfant.
Comme il a été difficile à trouver, ce tout petit cimetière communal, à l'écart du si joli village où sa famille s'était installée, et loin du plus grand cimetière, celui de l'église ! Jean n’a jamais aimé la foule, encore moins celle qui s’attroupe près des églises.
Il faisait chaud, on entendait les oiseaux de tous les côtés, et il n'y avait, à perte de vue, que les champs et quelques arbres.
Son petit-fils Julien a chanté pour Jean une jolie et joyeuse chanson d'enfant, plusieurs proches ont dit quelques mots qui nous l'ont bien rappelé, il y a eu un peu d'un air violon qu'il aimait, offert par sa petite-fille... Et puis un poème qui dit qu'un bateau ne s'en va pas : il disparaît pour nos yeux, mais apparaît pour d'autres, ailleurs.
Le petit cimetière compte 15 tombes tout au plus, Jean est à côté de ses parents, de sa mère dont il s'est tant occupé, de son beau-frère. Aucune tombe n'est à l'abandon, là-bas, et il y a des fleurs fraîches sur toutes.
Chacun lui a laissé une rose. Il y en a eu beaucoup.
Sans cérémonie, en toute simplicité, ses proches ont témoigné de leur amour et de leur admiration pour un personnage qui nous laisse tant.
Rien n'a été fait qui lui aurait déplu, et il repose dans un petit coin qu'il aimait, le genre d'endroit qui console de la vie.
Son épouse Raymonde est partie plus sereine, le sachant là, le sachant bien.
On lui a dit au revoir. Sa voix était dans nos têtes, qui nous répondait.
Il porte pour toujours son éternelle écharpe. Je ne l’ai jamais vu sans elle.
Il est temps d'espérer, grâce à lui.
Pour trouver des raisons de continuer encore un peu sans