La Musique Baudelaire
Introduction
Le XIXe siècle est marqué par l’apparition d’une nouvelle génération de poètes : les poètes maudits, êtres en marge de la société, superbes dans les airs, c’est-à-dire en poésie, mais maladroits ici-bas. Dans ses Fleurs du mal, Baudelaire désigne leur état d’isolement, de mélancolie profonde par le mot anglais spleen. Pour décrire leur expérience poétique, ces poètes établissent des liens forts entre la poésie et les autres arts. Baudelaire, poète mais aussi critique d’art, célèbre la peinture et les peintres dans « Les Phares », il évoque la sculpture dans « La Beauté »… Dans « La Musique » qui fait partie de « Spleen et Idéal », il évoque ce qu’il ressent à l’audition d’un morceau de musique Mais son poème dépasse cet aspect anecdotique. Pour rendre compte de cette expérience musicale indicible tant elle est intense , il la compare à un voyage en mer et invite le lecteur à partager ses états d’âme contrastés lors de ce périple . Mais il faut interpréter cette double métaphore : à travers elle, Baudelaire exprime son mal-être tout en évoquant les sources de son inspiration poétique : le poème devient une sorte d’art poétique.
I. Un poème musical pour parler de la musique
1. Une expérience personnelle et répétée
Le poème est jalonné d’indices personnels de la 1re personne du singulier, à l’exclusion de toute autre : le pronom personnel est le plus souvent en position de sujet (« je mets ») qui fait les actions, ou de COD (« me prend », « me berce ») comme unique objet de la musique. Ces pronoms sont soutenus par des adjectifs possessifs (« ma », « mon »).
Mais qui est ce « je » qui s’exprime ? Est-ce Baudelaire qui écoute un morceau de musique ? est-ce le navire qui « met à la voile », « escalade le dos des flots » et a une « toile » (voile) ? Est-ce le passager (ou le capitaine) sur le pont, « la poitrine en avant », « les poumons gonflés » ? L’ambiguïté subsiste.
Cette expérience