La nation comme cadre des cultures politiques
Au lendemain des élections présidentielles du 21 avril 2002, qui menèrent au second tour Messieurs Jacques Chirac, alors président sortant, et Jean-Marie le Pen, candidat du Front National, la déclaration d'une étudiante parisienne sur France 2 est restée célèbre. « Et bien, vous voyez ! Voyez comment vos stupides idées de nations ont fini par ronger la France ? Vous imaginez si Le Pen est président ce que ça va devenir ? La jeunesse comme nous ? Y a plus de France ! » Sous le coup de l'émotion, ce qui émane de cette déclaration, c'est le rejet de la nation comme cadre des cultures politiques. Pourtant, à travers l'histoire, la Nation a toujours était un moyen de réunir les peuples. Néanmoins, cette union ne va pas sans une certaine exclusion - de ceux qui n'ont pas la même vision du monde dans une conception ouverte, ou de ceux qui n'ont pas le même sang dans une conception plus fermée. La nation en tant que communauté humaine identifiée dans des limites géographiques, parfois fluctuantes au cours de l'histoire, mais dont le trait commun supposé est la conscience d'une appartenance à un même groupe, fournit à l'individu un ensemble de codes qui lui permettent de comprendre et de se familiariser avec la réalité. Dès lors, la nation est-elle le cadre d'une ou de différentes cultures politiques ? Suffit-elle à saisir la complexité des cultures politiques ?
Si la nation est un cadre essentiel (I), elle est néanmoins concurrencée par d'autres instances qui remettent en question sa faculté de cohésion des cultures politiques (II).
I – la nation, un cadre essentiel des cultures politiques
La nation sert incontestablement de cadre à une culture politique partagée (A), cependant, ses caractéristiques font qu'elle est également le lieu de débat entre différentes cultures politiques qui acceptent ou rejettent une partie de l'héritage historique (B).
A- la nation fournit à l'individu un ensemble