La nostalgie nous empêche-t-elle de vivre ?
La nostalgie, issue des mots grec « nostos » et « algos » qui signifient retour et douleur, la nostalgie indique par sa seule étymologie un état d’âme en souffrance, tendant vers un objet qu’elle désire, qui se trouve dans un passé vécu auquel le sujet n’a pas pu totalement renoncer. Regarder vers l’arrière avec les yeux du désir met sérieusement en danger notre intégrité présente. Le mal-être engendré par la nostalgie est-il un obstacle insurmontable à la construction d’un présent ?
Problématique : La nostalgie, entre spleen et idéal, nous empêche-t-elle de vivre ?
I. La nostalgie, un désintérêt pour le présent
A / Impossible satisfaction à l’heure actuelle : souffrance.
La nostalgie est une aspiration douloureuse, « désirance » (terme Freudien) d’un passé regretté auquel l’imagination, aiguisée par les vicissitudes de l’existence et les contraintes de la réalité, prêterait toutes les ressources de la consolation du mal-être actuel. La nostalgie porte ainsi en elle la notion de désir, lourde de toute son insatiabilité. Idée de tendre toujours vers qqchose : « L’objet du désir c’est le désir » (Arthur Schopenhauer).
Par exemple, Baudelaire dans « La vie antérieure » : le poème nous présente un univers paradisiaque, exotique, dépaysant que ce soit par la description des paysages et par les synesthésies, l'expressions des sensations. Il sombre dans la mélancolie de l’inéluctable. Ce poème est révélateur d'une dualité dans l'esprit Baudelairien, entre Spleen et idéal :
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des