La nuit, l'obscurité, le noir, dans sylvie de nerval
I Le thème de l’obscurité
L’obscurité c’est l’absence de lumière. Le mélancolique au Moyen-âge est exposé comme un être froid qui, pour guérir, devra avaler des plats chauds et humides et fréquenter un environnement lumineux : c’est bien la preuve que le mélancolique à un rapport direct aux ténèbres. L’obscurité appartient au domaine de la lumière. Il ne peut y avoir obscurité s’il n’y a pas de clarté, tout comme l’ombre n’existe que grâce à la lumière. En cela, ces deux notions se complètent. Les romantiques et préromantiques font du « noir » leur représentation privilégiée, symbole de la condition contradictoire de l'homme. Charles Baudelaire fait de la noirceur son principe esthétique dans Les Fleurs du Mal. Hegel disait que le sens de tout s’aboutissait dans le télos (la fin) d’une clarté. Pour Heidegger, les ténèbres renvoient à l’origine (au foyer de la création peut-être.). Julia Kristeva (docteur en lettres) décrit la mélancolie comme un « gouffre de tristesse ». Le gouffre étant un substantif qui se rapporte directement à l’ombre. Gérard de Nerval dans Les Chimères écrit : « Je suis le ténébreux- le veuf-, l’inconsolé, Le prince d’Aquitaine à la tour abolie ; Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé Porte le soleil noir de la mélancolie. ». On a une vision parfaite d’un éclat qui se brise (l’étoile morte), des mots « ténèbres » et « soleil noir » qui renvoient sans doute à l’éclipse, la nuit. Dans Stello, Vigny peut utiliser le noir dans une représentation macabre (« Cette chambre était aussi toute noire, et il n’y avait pour l’éclairer qu’une chandelle… »).
II Le noir dans Sylvie
La nuit est une temporalité singulière. Dans Sylvie, elle consolide les phantasmes, les songes et les cauchemars. Les ténèbres peuvent évoquer les amours ou la mort. Nerval développe dans Sylvie la félicité d’une réception nocturne (« Nous pensions être au paradis »). L’ombre éveille la