Nous pensons communément que la paix est simplement une sorte d’intermède entre deux états qui sont des états de guerre. On dit «allez, on fait la paix », mais le conflit revient vite, avec la nécessité à nouveau de « faire » la paix, comme si la paix devait toujours être établie et que l’état naturel de la relation, c’était nécessairement la guerre. En matière de philosophie politique, Kant ne déroge pas à cette opinion, il admet lui aussi que la paix doit être établie, mais à la différence du sens commun, il y voit un projet à long terme, un idéal à atteindre. A atteindre comment ? Kant a-t-il en tête l'idée que pour que la paix soit présente perpétuellement, c’est l’homme qui doit radicalement changer ? Non, pas du tout. La nature humaine est-elle fondamentalement mauvaise ? L’avènement du droit est notre salut politique, car de sa mise en œuvre découle l’établissement de la paix. Ce que partage Kant, c’est une foi dans l’abstraite réalité du droit et de son application. Il partage une foi, non dans la mise en œuvre des traités de paix, mais dans le principe du droit. Dans le Projet de paix perpétuelle Kant entend consigner par écrit les articles définitifs qui énoncent les conditions juridiques grâce auxquelles toute guerre deviendra impossible.
Faut-il dénoncer le caractère illusoire de la paix perpétuelle ? ou bien faut-il dénoncer la prétention à donner à la réalisation de la paix perpétuelle un fondement juridique ? En somme qu'est-ce que la paix