La passion racienniene
Les tragédies profanes (c'est-à-dire Esther et Athalie exclues) présentent un couple de jeunes gens innocents, à la fois unis et séparés par un amour impossible parce que la femme est dominée par le roi (Andromaque, Britannicus, Bajazet, Mithridate) ou parce qu'elle appartient à un clan rival (Aricie dans Phèdre). Cette rivalité se double souvent d'une rivalité politique, sur laquelle Racine n'insiste guère.
Dans ce cadre aristocratique qui, à partir de Bajazet, devient un lieu commun prétexte à la naissance d'une crise, les personnages apprennent que le roi est mort ou vaincu : ils se sentent alors libres de déchaîner leurs passions. Or, l'information est rapidement démentie. Le retour du roi met les personnages devant leurs fautes et les pousse, selon leur nature intérieure, à se repentir ou à aller jusqu'au bout de leur rébellion.
Intro : Elevé dans les petites écoles de Port-Royal les champs, Racine est, dès son plus jeune âge, imprégné profondément par le jansénisme, qui marque également ses tragédies. C'est ainsi que l'on a pu dire de ses pièces qu'elles montrent : "un monde cruel, peuplé d'êtres passionnés et faibles, entraînés par les fatalités de leur sang". La lecture de cette citation laisse émerger plusieurs axes d'étude : tout d'abord un monde cruel, ensuite la faiblesse et la passion des personnages, enfin, le poids de la fatalité.
I UN MONDE CRUEL :
A La violence :
a) La violence physique : exemples :
• Violences de Néron dans Britannicus. L'accession au trône de ce personnage que Racine lui-même désigne par le