La passion
En tant qu'état dans lequel un objet subit l'action d'un autre, par opposition à l' action, la passion désigne une des dix catégories que distinguait Aristote, dans son traité des Catégories. Pour certains stoïciens, les passions sont des perversions de la raison, au sens étymologique, des égarements de notre jugement qui nous écartent de nos devoirs naturels. Ainsi d'après Cicéron, Zénon de Cittium, fondateur du stoïcisme, affirmait que « la passion est un ébranlement de l'âme opposé à la droite raison et contre nature » (Tusculanes).
L'idée de « passion de l'âme » désigne, pour Descartes, dans son Traité des Passions, les affections ou changements internes que subit l'âme sous l'impulsion du corps. Ainsi il déclare dans la Lettre à Élisabeth du 6 octobre 1645 que l'« on peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont […] excitées en l'âme sans le secours de sa volonté, et par conséquent, sans aucune action qui vienne d'elle, par les seules impressions qui sont dans le cerveau, car tout ce qui n'est point action est passion ». La passion la plus fondamentale est selon lui l’admiration (étonnement).
Selon Baruch Spinoza, une passion est une idée confuse, essentiellement imaginaire et souvent abstraite, par laquelle l'esprit affirme une augmentation ou une diminution de la force d'exister de son corps (Cf. Éthique III, définition générale des passions). Par exemple, la Pitié est une passion puisqu'elle repose sur l'imagination confuse qu'un être qui est semblable à nous subit un