La peine de mort, esquisse historique
Badinter a écrit « La peine de mort est une défaite pour l’humanité. Elle ne protège pas la société des hommes libres, elle la déshonore ». Personne n’a régné dans le domaine de la pensée, de la philosophie, de la politique sans avoir été un jour confronté au problème de la peine de mort. Des jurisconsultes du droit romain, théologiens du Moyen Age, théoriciens de l’absolutisme et du droit divin, les Romantiques, les Marxistes, tous ont du prendre position, ainsi que les empires, les monarchies, les dictatures et les républiques qui se sont bâties, ainsi que les religions et révolutions sociales et politiques qui les ont accompagnées. Peu de grands évènements historiques se sont déroulés sans que la tentation du Glaive n’ait été présente. C’est pourquoi l’histoire de la peine de mort est une histoire particulièrement difficile à écrire. Mais tout au long de l’Histoire s’est vérifiée la corrélation entre l’existence de tensions au sein d’une société et le maintien, voire le rétablissement de la peine de mort. Dans une société secouée de conflits, la peine de mort exprime à la fois l’agressivité et la crainte, toujours indissolublement liées, qui imprègnent l’inconscient collectif. L’échafaud reprend du service aussitôt qu’une société entre en fièvre, à la suite d’une guerre, d’une crise religieuse ou politique. Et même en des temps plus tranquille on a pu voir que la potence reprenait du service, le souverain voulant assurer l’obéissance à ses ordres.
« Vive la vie » s’écrit l’homme de paix en réponse au « Vive la mort ! » du fasciste, « Que vive la vie », c’est tout le sens de l’abolition de la peine de mort, cette ultime victoire de l’homme sur lui-même écrivait Robert Badinter. L’histoire de la peine de mort laisse elle un sentiment d’accablement, celui d’un gaspillage de vies et de souffrances à travers les âges. Le mouvement de réaction contre la peine de mort est heureusement aussi ancien que la peine capitale elle même.