La perfectibilité de l'homme
LA ( PERFECTIBILITÉ) DE L'HOMME Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions, laisseraient quelque lieu de disputer sur cette difference de I'homme et de I'animal, il y a une autre qualité très spécifiquequi les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation,c'est la faculté de se perfectionner ; faculté eui, à I'aide des circonstances, développe toutes les autres, et réside parmi nous ârrt successivement dans I'espèce, eue dansI'individu, au lieu qu'un animal est, au mois, ce qu'il seratoute sa vie, et son espèce, bout de quelques au bout de mille ans, ce qu'elle était la premièreannéede ces mille ans. Pourquoi I'homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? N'est-ce point qu'il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la Bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, tout l'homme reperdantpar la vieillesseou d'autresaccidents, ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la Bête même ? Il serait triste pour nous d'être forcés de conveirir, que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la sourcede tous les malheursde I'homme; que c'est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire, dans laquelle il coulerait des jours tranquilles, et ses innocents que c'estelle, qui faisantécloreavecles siècles ; vices et ses venus, le rend à la lumières et Seselreurs, SeS longuele tyran de lui-même,et de la Nature. ROUSSEAU, Jean-Jacques
Discours sur l'origine et lesfondements de l'inégalité parmi les hommes