La petite roque
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« La Petite Roque », Guy de Maupassant Étude d’une œuvre complète
Introduction
• « La Petite Roque », une des nouvelles les plus brillantes et les plus brutales de Maupassant, peut s’étudier dans le cadre du récit comme œuvre complète, en Seconde comme en Première, et quel que soit le type de Première. • Cette histoire raconte comment un édile provincial, M. Renardet, un veuf de quarante ans qui est une force de la nature, viole une gamine, la tue, et, participant à l’enquête judiciaire qui s’en suit, n’est finalement jamais inquiété. Auteur chanceux d’un crime parfait, il sombre peu à peu dans une mélancolie telle qu’il finit par s’accuser, et finalement se suicider. Le viol n’intéresse pas ici Maupassant ; il met plutôt l’accent sur les motifs ayant poussé Renardet au crime, et sur la dégradation morale du personnage rongé par le remords. Pour Maupassant, les causes des actions humaines ne ressortissent que faiblement au libre-arbitre, à la morale ; pour ce positiviste fasciné par les hystériques du célèbre Docteur Charcot, l’homme est guidé par de puissants déterminismes. L’eau dans cette nouvelle joue un rôle capital, et là encore, cet élément se trouve lié à des thèmes qui lui sont traditionnels : la femme désirable, la mémoire, et la mort.
Élements d’analyse
1. L’eau, métaphore du désir Renardet viole la petite Roque parce qu’il a chaud, qu’il est veuf, et qu’il abrite un tempérament ardent associé à une complexion presque bovine. On a là une psychologie conforme aux canons naturalistes : l’homme est d’abord gouverné par son corps. L’eau va forcer ces traits de caractère à se manifester ; d’abord par le désir de fraîcheur de Renardet, ensuite à travers l’apparition inopinée de cette toute jeune fille, incarnation surprenante de la blonde Ondine. • La soif Le jour du crime est un jour chaud, brûlant même. Renardet se sent mal, il recherche la chaleur et va vers sa rivière, la Brindille : « …l’air lourd et brûlant de la plaine l’oppressa