La peur, maupassant
La Peur est l’une des nombreuses nouvelles de Guy de Maupassant que l’on retrouve dans le recueil Les Contes de la Bécasse publié en 1883 après une première parution dans le journal littéraire Le Gaulois de 1882. Ecrivain prolifique, Maupassant réussit stylistiquement le mélange d’un cadre réaliste à celui d’éléments fantastiques. La Peur nous présente un enchevêtrement d’histoires : tout d’abord celle d’un premier narrateur qui présente le cadre initial («nous étions là six ou huit » sur le pont d’un bateau). A cette présentation intervient le commandant du navire qui raconte la frayeur à laquelle il a été exposé suite à une mésaventure en mer. C’est alors qu’apparait « un grand homme à figure brûlée » qui expose sa vision du mot « peur » et l’argumente en avançant ses propres aventures. Après avoir narré son expédition dans le désert du Sahara (assez troublante puisque son compagnon y trouva la mort), il revient sur une nuit d’hiver où il fut accueilli par un étrange garde forestier.
Dans quelles mesures Maupassant parvient-il à glisser progressivement vers un récit fantastique ?
Pour répondre à cette question, nous verrons que le cadre initial décrit par « l’homme bronzé » est propice à l’angoisse avant d’étudier la progression du fantastique au fil de l’extrait.
Nous allons tout d’abord voir que le cadre initial décrit par l’énonciateur nous met déjà dans un climat assez angoissant. Le contexte spatio-temporel, l’accueil étrange des hôtes ainsi que le contraste de comportements entre l’invité et les personnes qui l’entourent participent à l’apparition du fantastique.
Le cadre spatio-temporel décrit par le narrateur (non pas celui du début de la nouvelle mais celui qui interrompt le commandant pour raconter son histoire) peut, avant même l’apparition du fantastique, provoquer un sentiment d’angoisse. En effet, le récit qu’il nous raconte se déroule dans une forêt du nord est de la