La mort est sûrement la première des questions. Première parce qu’elle se pose très tôt, dès 3 ans, dès que les enfants commencent à saisir l’existence de la mort et qu’ils pressentent l’importance de la question, son extrême sensibilité (pourquoi tant de tristesse, d’hésitation, de gêne de la part des adultes ?). Première aussi parce que peut-être la plus essentielle puisqu’elle conditionne toutes les autres, sur le sens de la vie et des activités humaines. Paradoxalement, dans nos sociétés occidentales contemporaines, la mort est à la fois partout et nulle part : partout, même dans l’univers enfantin (jeux vidéos, films, actualité) et nulle part car elle reste un sujet tabous et abstrait. Tous les être vivants vont mourir, les plantes, les animaux sont soumis inexorablement au cycle de la vie qui aboutit à la mort. Vivre tue ! Mais parmi tous les êtres vivants et donc mortels, seuls les hommes ont conscience de cette mortalité. C’est ce qui fait à la fois la grandeur et la fragilité de la condition humaine. Devant le gouffre de sa propre disparition, l’être humain est amené à faire des choix fondamentaux qui vont donner sens non pas seulement à sa vie mais à son existence. Parmi l’ensemble des possibilités qui s’ouvrent à moi pour me construire, une seule se produira nécessairement, c’est la « possibilité indépassable » (Heidegger), celle de ma propre disparition. Je dois avoir devant cette certitude une « attitude authentique », celle de la prise de conscience lucide de la réalisation de cette possibilité et à partir de là du choix responsable de ce que je vais devoir, pouvoir, vouloir réaliser d’ici là.
La conscience de la mortalité est à la fois une tragédie et une chance. Tragédie parce qu’elle génère l’angoisse fondamentale de disparaître et d’être séparé définitivement de ceux qu’on aime mais aussi une chance parce que c’est elle qui donne finalement toute sa saveur, toute sa valeur à notre existence.
Ainsi la mort n’est plus, ou moins, un scandale quand