La philosophie dialectique
Hegel était un idéaliste : c’est le défaut majeur de sa pensée. Pour lui, le monde qui nous entoure, les hommes, la société, l’histoire – tout est le produit de ce qu’il appelle « l’Idée absolue ». Cependant, cette Idée absolue n’est pas un Dieu contemplant paisiblement son œuvre immuable. Elle « s’aliène » et « se réalise » dans le monde, l’histoire et la pensée humaine, pour « revenir à elle-même » enrichie de toutes les étapes de son cheminement. Malgré son caractère mystique, cette conception du monde a une qualité décisive : son dynamisme.. Elle porte clairement la marque du plus grand bouleversement historique de l’époque : la Révolution française, qui balaya un ordre social supposé éternel.
La dialectique de Hegel saisit toutes les choses dans leur mouvement : leur naissance, leur développement et leur fin. En outre, la fin n’est pas une disparition pure et simple, mais un dépassement, qui est à la fois négation et conservation. Ce qui naît porte en soi les éléments de ce qui meurt. Par exemple, l’histoire de la philosophie n’est pas une succession chaotique de systèmes incompatibles : elle est un processus où chaque philosophie exprime une vérité – mais une vérité limitée, partielle, à laquelle doit nécessairement succéder l’expression d’une nouvelle vérité, supérieure, plus riche, qui tout à la fois nie et assimile les philosophies précédentes. Ainsi, le « vrai » et le « faux » ne s’opposent pas de façon irréductible. Comme l’écrivait Hegel, « le faux est un moment du