La philosophie nous détache t-elle du monde ?

Les gens ont toutes sortes d’occupations diverses et variées :certains apprécient la lecture, d’autres se passionnent pour les collections. Ces aspirations très matérielles et concrètes sont propres à chacun, et pourtant il existe quelque chose qui concerne tous les êtres humains, plus conceptuel et abstrait : la philosophie. La philosophie, de par son caractère universel et pourtant très singulier, possède un statut particulier : certes pas une occupation matérielle, elle ne relève pas non plus du domaine des sciences ni de l’art.
Quant à savoir sa place dans notre vie et notre monde, les opinions divergent : certains affirment que la volonté du philosophe est bien de détacher l’homme de ses soucis et attentions matériels et pourtant les questions que l’on dit « être philosophiques » s’attachent au monde et à l’homme, à la recherche de la connaissance, et même de la sagesse si l’on s’en tient à l’étymologie du mot.
Mais si la philosophie consiste en une quête de la connaissance, cela entraîne t-il véritablement une prise de recul par rapport au monde, et la philosophie permet-elle, grâce à ces connaissances acquises, de se détacher des réalités matérielles ? La philosophie nous détache t-elle du monde ? Le philosophe est-il tourné et vit-il dans un monde d’idées ou de réalité ?

On pourrait croire que le philosophe s’installe dans un rêve. Le philosophe, en tant qu’homme qui se sert de, utilise et développe la philosophie, possède une volonté, il aspire à être heureux, et la philosophie se révèle être, selon lui, un moyen d’atteindre le bonheur. Le bonheur est en effet une aspiration commune à tous, et chaque philosophe détermine ses propres conseils afin de parvenir à être heureux : ainsi, selon Epicure, le bonheur consiste à jouir de bonnes sensations, du plaisir, et de régler ses désirs sur sa nature. Pourtant selon les stoïciens tels que Sénèque, pour être heureux il s’agit de maîtriser ses