Les deux photographies sont prises à quelques secondes d’intervalle par deux photo-reporters présents lors de la guerre du Vietnam : Nick Ut et David Burnett.
La première photographie est très connue, on peut même dire qu’elle a une valeur iconique ; ceux qui l’observent y reconnaissent une dénonciation de la guerre du Vietnam. La seconde représentation, moins souvent reproduite, présente le même événement : des enfants et des soldats qui courent, laissant derrière eux le bombardement dont on perçoit les fumées dans l’arrière-plan (voir le document 1).
Intéressons-nous aux différents plans qui structurent les deux documents. Dans l’image de Nick Ut, le photographe saisit l’effroi et l’horreur que l’on peut lire sur les visages des enfants, au moins trois d’entre eux : le garçon à gauche, la fillette nue, la fillette habillée. Derrière eux, les soldats et journalistes semblent attendre, ils ne fuient pas. Tout à fait à droite un photographe baisse la tête vers son appareil, il s’agit de David Burnett qui va prendre quelques secondes plus tard la seconde photographie. La ligne de la route forme un triangle dont le point de fuite se situe en haut dans l’axe de l’image. Cette forme triangulaire dessine une composition très classique. La présence de la fillette nue intrigue, de même que sa posture, les bras écartés du corps. La jeune Kim Phuc a été brûlée au napalm et perd des lambeaux de peau, elle s’est déshabillée car ses vêtements la brûlaient. Nick Ut montre la douleur de l’enfant.
Dans la photo de Burnett, les enfants sont accompagnés d’un homme, impossible de savoir s’il est journaliste ou soldat car tous sont vus de dos, ils courent tandis qu’un groupe de soldats, immobiles et vus de face, les attendent. Pris en très légère contre-plongée, les enfants semblent flotter sur la route, l’environnement est bien plus présent que dans la photo précédente et l’impact émotionnel est moindre.