"La pierre qui pousse", l'exil et le royaume, camus
1712 mots
7 pages
Albert Camus, journaliste, écrivain, philosophe et surtout grand humaniste a publié en 1957 un recueil de six nouvelles intitulé L'Exil et le Royaume. Ce recueil s'inscrit dans le cycle de la mesure qui suit ceux de l'absurde et de la révolte. L'extrait de la nouvelle "La pierre qui pousse" dont nous allons tenter l'étude se trouve aux trois quarts du récit qui, lui-même, est situé à la fin du recueil. Ce texte met en scène un ingénieur français, d'Arrast, dont nous savons peu de choses si ce n'est qu'il est au Brésil pour construire une digue qui va éviter "l'inondation périodique des bas quartiers" d'Iguape, village où se situe l'action. Nous savons aussi ou plutôt nous croyons deviner qu'il a laissé derrière lui quelqu'un ou quelque chose, peut-être même les deux. Nous apprenons qu'il est "seul". Au moment où débute notre étude, d'Arrast a été obligé de sortir d'une case où il assistait à un début de cérémonie de danses, en l'honneur de Saint Georges, qui précède la procession de la fête de Jésus, le jour suivant. Nous pouvons nous demander de quels ordres sont les sentiments de d'Arrast et par quel cheminement il va passer du statut d'exilé, dans lequel il se sent, à un aperçu de la voie qui peut le mener vers l'espoir d'un Royaume. Pour cela, nous allons examiner comment l'organisation du récit nous montre le mal-être du protagoniste, puis son rejet global de ce qui l'entoure pour terminer par une prise de conscience et un début d'acceptation de tout ce qu'il rejetait auparavant.
L'emploi des temps imparfait et passé simple nous montre que le texte est sur le mode narratif dans lequel s'inscrivent des descriptions de l'environnement de d'Arrast et de ses pensées. La connaissance de ses pensées et de ses sensations physiques nous montre l'omniscience du narrateur Camus. Le protagoniste a des perceptions olfactives : il sent que "la nuit [est] pleine d'odeurs fraîches et aromatiques" ; visuelles "les rares étoiles du ciel austral, […] [luisent] faiblement" ;