La place de la femme dans L'Education sentimentale de Gustave Flaubert, scène de rencontre.
1) Le tableau d’une apparition divine
Les premiers termes employés: « apparition« , « éblouissement » suggèrent d’emblée une apparition divine. Le fait que le personnage soit inconnu et seulement nommée par le pronom personnel « Elle » va dans le même sens. La description de Mme Arnoux confirme cette première présentation.
Elle est tout d’abord présentée comme figée: « elle était assise« . La précision « Elle était en train de broder quelque chose » semble lui conférer un certain mouvement, mais l’indistinction de « quelque chose » permet de penser que son geste est pratiquement imperceptible. De fait, le mouvement est transféré sur les objets, qui deviennent sujets des verbes d’action: « des rubans roses qui palpitaient au vent« , « ses bandeaux noirs…semblaient presser amoureusement l’ovale de sa figure« , « sa robe de mousseline claire…se répandait à plis nombreux« . Les objets semblent ainsi entourer Mme Arnoux, centre du tableau vers lequel converge toute chose. Le choix du vocabulaire: « palpiter« , « amoureusement » renvoie bien sûr aux sentiments de Frédéric.
L’aboutissement de la première description: « son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l’air bleu » nous la présente donc de manière picturale: il s’agit d’une Madone. Les couleurs rose et surtout bleue confirment cette impression, d’autant que la « mousseline claire« , tissu léger qui se répand à plis nombreux suggère une étoffe aérienne, presque céleste.
2) Une femme idéale
La deuxième vision de Frédéric confère à Mme Arnoux un caractère plus humain, même si l’idéalisation reste présente, en particulier avec l’importance de la lumière: « cette splendeur« , « cette finesse des doigts que la lumière traversait« , autant d’expressions qui pourraient évoquer une sorte d’auréole propre à la jeune femme. Cependant la rêverie exotique que Frédéric développe au sujet de son origine (rêverie très romantique qui